dimanche 13 mars 2011

Million Dollar Baby




Elle n'avait pas pleuré. Depuis si longtemps. Son mal-être était si vicieux qu'il la privait de tout ressenti. De toute larmes. Comme pour lui prouver qu'elle n'existait plus que par le regard des autres. Elle se laissait porter depuis trop longtemps entre les mains tremblantes de ceux qui faisait semblant d'y croire toujours et d'être là pour elle. A vrai dire, elle savait très bien qu'ils étaient moins nombreux qu'ils ne prétendaient l'être. Et dans sa profonde solitude, elle regrettait le temps où ses joues étaient encore trempée d'une futile tristesse. Elle se voulait encore à crier sa colère aux murs. Elle voulait du vrai, de la passion, elle voulait sentir son corps réagir à ce qui l'entourait, et sa raison retrouver le goût d'une sensibilité quelconque, surement celle d'une adolescente qui se cherche les yeux bandés, à tatons. Son regard était depuis si longtemps tari par le quotidien ; elle avait cru qu'il ne s'agissait que d'une passe. Mais elle s'était habituée à ce vide, cette absence. Elle avait pensé reculer, pour mieux pouvoir porter son coup. Mais à trop reculer, on finit par ne plus se battre.
Elle avait pris un dvd dans le tas, l'avait ouvert, et son ordinateur l'avait engloutit. Elle avait fixé son regard ainsi, pendant deux heures, les actes s'enchainant les uns après les autres, et l'histoire se dénouant devant elle. Elle avait cru d'abord à un film sans interet, un de ces scénarios froids et modernes qui font joli. Mais son iris s'était mis à briller. Sa rétine avait retrouvé vie. Et quand son regard devint à nouveau translucide d'avoir trop attendu.

Elle cligna des yeux, pour se libérer. Et une larme glissa le long de sa joue. Pour en entrainer des dizaines d'autres. Et elle sourit, de vivre encore. Parce qu'il est de ces moments que l'on vit seul, mais qui valent toutes les paroles du monde.







Mocuishle veut dire "ma chérie, mon amour"..