vendredi 20 mai 2011

Outback






Le vent s'engouffre trop rapidemment dans l'habitacle. Je sens mes tympans siffler leur envie, et mon corps leur répondre en pressant l'accelerateur. Je m'enfuis ainsi dans une nature trop sombre pour qu'elle puisse sembler m'accueillir en bonne amie. La musique résonne à des kilomètres, comme s'il ne restait plus que moi. Mes mains, crispées autours du volant, me font si mal. Mes yeux réclament ne serait-ce qu'une once de lumière pour ne pas se clore et me projetter au fond du gouffre. Je ne vois pas les falaises mais je les sens tout près de moi, je suis naïvement la ligne blanche qui se prolonge infiniment sur la route rocailleuse que je parcours depuis maintenant près d'une heure. Un mètre, un écart, un coup de volant, une demi seconde d'innatention, un flash, et je suis perdu. Mon compteur affiche pourtant 145km/h. Je me sens si vivant. Je ne peux plus me passer des risques. Effleurer la mort, avoir peur. Cracher un peu sur le danger, histoire de. C'est devenu une drogue. La vitesse m'ennivre, me fait perdre le controle. Lorsque la nuit me tend les bras, je crie encore, je me sens si libre après m'être senti si à l'étroit. J'aimerais vivre ma vie comme je vis tout ça, trop vite pour souffrir.

Je continue, le silence de l'altitude me plait. J'ai froid, mais je ne fermerai pas la fenêtre. Ce soir, j'ai décidé de ne faire qu'un avec le reste. La brise me souffle à la gueule. Mes poumons fonctionnent au ralenti, mes cheveux courts dansent sur mes tempes.

Le soleil se lève maintenant, sept heures de routes, aucune halte. Sur mon tableau de bord, rayé et brulé par les mégots que j'y écrase, le reservoir clignote. Je m'arrête, sur le bas-coté.
Je regarde au loin. Il n'y a plus rien, plus rien que des plaines à perte de vue et l'horizon rose qui se prononce au loin. La sobritété du reste accentue la magie de l'instant. Je suis seul, je me suis trouvé, en tête à tête avec la nuit.

Et j'ai attendu le retour du jour, savoir enfin comme j'aime la vie et qu'elle peut m'aimer en retour.